Quatre fois, il hurla.
Cinq fois, il se leva.
L'impardonnable appelait à la correction,
En la brutalité d'un esprit, une révélation.
Parti ailleurs, cherchant sa libération,
Il s'effeuilla jusqu'à n'être que fraction.
Sa tête reposait sur la froide pierre, elle était bleue mais surtout noire. Une sorte de couleur de nuit, elle n'allait que trop bien avec l'obscurité presque totale de la caverne. Seuls quelques rais de lumière filtraient à travers l'entrée, moins d'eux que de ce vent froid soufflant ses lugubres promesses. Mais le temps n'était pas au souci, pas à celui de sa chaleur ou de son aveuglement. Il se redressa, difficilement, et a une main au niveau de son nez. Du sang coulait, il ne l'avait pas remarqué et son attention a assez rapidement à autre chose. Une caverne... un endroit presque ridicule pour de tels exercices, comme si il devait être une sorte de moine sacré allant renforcer son esprit.
Enfin, il l'était. Certes.
Art a son doigt au niveau de ses lèvres, mordillant le bout de celui-ci pour ensuite se mettre assis correctement et croiser ses jambes. Il ne faisait que suivre des enseignements, après tout. Sa présence ici n'était que pour le vide de son esprit et la lente disparition du temps, du sens. Mais à chaque fois qu'il fermait les yeux, chaque fois que le son cessait, il voyait et entendait. Éclaboussures sanglantes, craquement des os et gémissements de douleur. L'odeur... l'odeur était infâme. Métallique, prenante. Elle avait taché son âme. Voilà pourquoi il était ici.
Car cela n'arrivera plus jamais.
Sa tête tremblait, mais il ferma les yeux malgré tout. Son mental... il devait le visionner pour pouvoir le défendre. Mais tout lui paraissait si... si flou, si trouble. Comme si il ne pouvait s'empêcher de vibrer. Mais il fallait continuer.
Les secondes, les heures. Rien de tout cela n'avait de signification. Tout se mélangeait, il plongeait toujours plus loin pour essayer de tisser, de peindre cette toile complexe autour de ce qu'il était. Vouloir une muraille autour d'une cité incompréhensible forçait à se limiter, à la serrer... à compresser. Ses mains empoignaient l'étoffe et la serraient pour la forcer à se refermer. Une pièce de tissu, il aimait l'idée de cette faible protection. Son réconfort y dansait avec plaisir. Danse sur fil, fil...
Nouvelle vibration, nouvelle douleur. Cette fois suffisante que pour se plier vers l'avant et vomir. Odeur du sang, mais rien n'allait. Rien... la sensation du vertige permanent, l'impression de ne plus toucher terre. Un radeau en mer, un radeau en pleine tempête.. une lame renversait, un vent écrasait. Un gémissement de douleur.
Pourquoi être ici ?
Il avait mal, tellement mal. Mais il fallait poursuivre. Au-delà de l'épuisement, au-delà de la raison. Poursuivre pour retrouver sa place et briser la honte, poursuivre dans l'espoir de retrouver quitte à se perdre. L'impérieux besoin d'être, d'avoir. Dans la douleur, il allait se saisir.
Vouloir réparer au point de se briser.
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