Tu reviendras ?

Encore et encore ces mots, cette voix, ces murmures. Les entendre en rêve et en souvenirs, absents ou présents. Ses pensées devenaient parfois de véritables paroles, l'impression qu'un autre existait et chantonnait ce que son cerveau lui dictait : carnaval des sons, imprévisible et pourtant... rassurant ? Il vibrait, instrument sans vent et aux cordes brisées. Plomb, cuivre, le métal n'avait guère plus d'importance alors que ses pensées continuaient de tourner. Tourner, tourner ?

Comme un carrousel.

Pas de retour, un dernier age tout au plus. Le verre brisé comme ses promesses noyait les mains dans le sang. Les os brisés comme sa confiance perçaient les nerfs et laissaient à pleurer de douleur. Les infâmes regrets, la culpabilité atroce d'une âme morbide entachée par le premier péché. Ève... Ève à sa manière lui paraissait bien innocente. Proche d'elle, proche du Premier Homme aussi. Au final restait la sensation d'être le serpent, l'absence de l'autre. Si jeune et si vieux, fragments conts vieillissant encore et encore. Des souvenirs de la cascade, du salon, de l'étoile lointaine. Imprévisible esprit, perdition de l'âme. L'envie de partir, le manque de courage aussi. Il ne restait que le devoir de correction, l'idée systématique d'une perfection malade, malicieuse. L'échec venait de l'imperfection. Et sans devoir ni roi, que devenait le servant ? Autant s'asseoir et laisser le temps er. Se renforcer, encore et encore. Le bateau allait finir par venir de toute manière, ce visage buriné par trop de soleil et ses réflexions sur la mer. L'odeur saline, celle des algues et de l'écume.

Si ils reviennent, tu seras là ?

Cela n'avait pas été... fait. La présence ne changeait rien, peut-être même changeait-elle le coin en tombe. Ne pas respecter la promesse aurait été la meilleure chose à faire et pourtant pourquoi avait-elle été brisée ? Tous les coups étaient perdants pour le simple pion.