Aujourd'hui sonne ma gloire, bruissement cacophonique de notes cristallines et chatoyantes.
Car l'on me présente en ces instants à la figure de proue de l'association dont on tait le nom. Assis sur de grinçantes balançoires aux âmes pauvres, l'homme chantant me regardait de ses yeux grésillants.
Il me demande si je suis l'aveugle qui entend ce qui ne se dit pas, je lui réponds que je suis celui qui ne se souvient pas. Et sa satisfaction vibre jusqu'au plus profond de mes oreilles.
L'association dont on tait le nom est faible, son anonymat en est la preuve. Nul espoir dans l'horreur, de simples idées fantasques d'une grandeur cessée par le troisième âge, personne n'ayant compris l'infâme grandeur du second.
Voilà pourquoi il avait cherché à me er, je me dis en ressassant loin dans mes éphémères et pauvres pensées aux échos graves.
Il sait que je me fiche des trois âges précédents de l'association, que ma mémoire efface les erreurs et que mes yeux ne couvrent pas les échecs. Je ne suis que moi, celui qui entend dans le silence.
Il joue dans sa balançoire, cette dernière hurle à chaque petit coup de jambe dans le vide. Sous un ciel grondant d'été, les rayons du soleil murmuraient bonheur et chaleur à mon visage.
Il me demande si je veux venir, je lui réponds que je le dois.
Il me demande pourquoi, alors je lui parle de mon espoir.
Un espoir qui m'a été inspiré il y a longtemps, je ne sais plus par quoi ni par qui. Mais, intimement lié à l'association dont on tait le nom, il se mêlait à cette volonté de guider les autres en leur montrant les horreurs infâmes de ce monde planant sur ce plateau de cailloux. Et j'espère que la terrible peur cassante et dansante saura montrer l'espoir que nous représentons.
Il me laisse partir et alors je le suis, euphorique. Il ne parle pas de la plaine de jeux, de ce théâtre des petits amusements qui l'attire tant. De toute façon, ses paroles sont noyées par les gémissements des balançoires qui continuent leurs allées dans le vide. Mais je pardonne, j'aime pardonner.
J'ai pardonné au soleil et à la lune, à la musique et à ma plume.
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