Disclaimer :
C'est un one-shot que j'ai fais dans la journée donc faut pas s'attendre à Vipère au Poing non plus.
N'hésitez pas à donner des avis, conseils ou autres ! Toute critique constructive est bonne à prendre.
Il se pavanait, comme d'habitude.
Cette fois, son arme d'orgueil était une montre "mais pas une à quartz, ici on aime la finesse".
J'ai toujours assisté à ces sortes de joutes invisibles que Edward menait avec le monde. Il se battait avec les égos pour chercher à détrôner les égaux. Il voulait des trônes, des richesses, du nouveau.
Je pouvais le comprendre, parfois. Naître aussi riche faisait que l'on avait des problèmes de vue : Du mal à voir vers le bas.
Je baissai mon regard en même temps que la bordure rigide de mon chapeau, faisant mine de m'abriter du soleil qui rayonnait à peine entre les nuages gris. Mon ami, lui, continuait de me parler de son ornement au doux tic-tac. Je savais qu'il répétait les mots du vendeur, mais son bonheur enfantin face à un tel jouet m'amusait un peu, comme d'habitude.
J'avais toujours été plus humble qu'Edward, sans doute parce que je n'avais pas de sang anglais ou même des mille et des cents dans mes poches. Je vivais bien, économisais et me montrait charitable. Je n'avais pas suivi la voie religieuse, mais l'esprit communautaire de cette dernière continuait de guider ma bienveillance.
Je remontai mon chapeau en me rendant compte que les rayons lumineux ne venaient plus. Impossible de cacher mon regard exaspéré et jouette à mon compagnon ! Ce n'était rien, il avait l'habitude et nous avions déjà fait la moitié du chemin vers l'ambassade.
Si le soleil nous avait ainsi quitté, ne laissant nos corps presque solitaires dans la grisaille d'une froide matinée qui voulait pénétrer jusqu'à mes os, c'était de la faute d'un spectacle aussi rare qu'enthousiasmant. Bien mieux que les battements de la trotteuse !
Face à nous, un nuage descendait en engloutissant la ville de ses crocs vaporeux. On aurait dit la plus merveilleuse des bêtes d'un conte perdu. Un mur blanc qui filait, faisant disparaître maisons et ants.
C'était sans doute pour cela que la rue était presque vide. Mais le travail ne devait pas attendre, le chemin restait évident malgré la purée de pois. Le plus irréel, c'était que chaque son me paraissait.. étouffé. Mes pas, la voix de mon ami et même le bruit répétitif des aiguilles qui avait complètement disparu.
Nous nous entendions, nous voyions, mais pourtant tout paraissait.. étrange. Un autre monde ! Bien plus rêveur que Edward, cette impression me laissait fébrile et le souffle court. J'aimais cette sensation ! On flottait un peu dans la fraîcheur glaçante de cette purée de pois.
Nos chaussures glissaient sur les pavés du trottoir, semblant presque alourdies par le bas nuage. Nous ne distinguions alors plus que quelques vagues formes obscures au-delà de deux ou trois mètres. Dans ces instants de mystère, les panneaux devenaient des silhouettes longilignes, les maisons d'immenses créatures endormies et les automobiles de vagues envoyés infernaux. Tout était beau, mystérieux...
Un râle, ou plutôt un glapissement, s'échappa de la bouche de mon ami qui sursauta si fort que je le cru prenant son envol. Il secouait sa jambe où je distinguai après une bonne seconde l'accroche faible d'une main rachitique.
Paniqué, je mis une main sur son épaule pour tenter de le calmer. Il ne s'agissait que d'un pauvre homme vivant la tête basse et dont la honte était à peine cachée par ses haillons épars.
Je n'avais jamais vu une personne aussi maigre. Elle marmonnait quelque chose, nous demandant sans doute de l'argent ou de quoi se nourrir. Le dégoût de Edward, et le mien aussi bien que ce fût dur à ettre en tout bon esprit, nous fît reculer.
Mais je restais une personne de bon cœur, allant glisser quelques pièces de ma poche dans cette main qui se referma dessus avec avidité. Une véritable avidité, celle d'une personne qui n'avait plus d'autre espoir que ce cuivre tintant.
En revanche, mon orgueilleux compagnon ne semblait pas vraiment d'accord avec cet esprit. Sans doute en colère à cause de ces mains sales sur son pantalon issu d'un tailleur local travaillé pour lui seul, il se recula avant de ref d'un ton sec.
Je sentis une sorte de colère sourde chez ce pauvre homme. Comment pouvait-on le traiter ainsi que l'univers avait déjà décidé de l'insulter par la force d'une telle malchance ?
Nouveau son presque féminin, le monsieur avait agrippé Edward au bras en tentant tant bien que mal de se relever. Je voyais avec difficulté, mais ne voulais pas intervenir. J'avoue que j'étais alors.. terrifié, cloué sur place.
Un cri guttural, profond et ancien sorti tout droit de la gorge du mendiant alors que ses mains remontaient le long du bras de Edward sans que ce dernier ne puisse s'en débarrasser. Je le sentais, le voyais se débattre mais pourtant il ne pouvait se défaire de la poigne implacable de l'inconnu qui continuait de crier encore et encore comme si ses poumons ne pouvaient manquer d'air !
Et c'est seulement alors que je tentai de m'approcher pour les séparer que je compris quel instinct me hurlait de rester éloigné. Que je ne risquais rien si je ne faisais rien, que je devais partir au cas où cet homme me regarderait.
Je ne reconnaissais rien de son corps.
Je ne distinguais aucune côte, tout son être semblait tenir mais.. glissait, flasque et vide maintenu par une force inconnue. C'était un être de chair et de sang, mais sans aucun squelette. Il ne remontait pas vers Edward, il glissait contre son corps en s'agrippant. Et les deux hurlaient.. l'un d'une terreur surnaturelle enfouie au plus profond de nos âmes, l'autre d'un sentiment inconnu et ravageur.
Pas de dents, pas d'os, pas d'yeux. Il n'y avait que cette masse flasque de tissus qui glissait comme le plus infernal des serpents en serrant avec force les bras de Edward qui avait cessé de crier.
Alors que je m'enfuyais à toute jambe, j'entendis au travers du brouillard son gémissement de douleur, un son qui s'éteignait.
Je ne pouvais y retourner. Je devais juste courir loin, priant pour le salut d'un Dieu que je n'avais jamais prié auparavant.
Fond :
![De chair, de sang-[C]Disclaimer :
C'est un one-shot que j'ai fais dans la journée donc faut pas s'attendre à Vipère au Poing](https://image.staticox.com/?url=http%3A%2F%2Fpm1.aminoapps.vertvonline.info%2F8373%2F779e638e37bc2299cba4dc7415ef440a6152c970r1-400-609v2_hq.jpg)
Comments (3)
Tentative de one shot effroi ?
C'est pas mal, je vais donner mon avis alors que je suis loin d'être un amateur de lecture, quel qu'elle soit.
La mise en scène est pas mal, mais la mâtiné rend la chose moins effrayante, c'est le soir, quand la nuit tombe que l'on a le plus peur. Ce petit détail est suffisant pour donner une atmosphère complètement différente, que ce soit les lampadaire qui grésillent ou les rares feu de voitures qui se diffusent dans le brouillard.
Pour le cas du mendiant, je pense que tu ne t'es pas assez attardé dessus, particuliesur l'horreur qu'il est et les sensations que cela donnait au personnage en ant étape par étape.
La surprisd, Le doute, la réalisation, le déni, l'acceptation, la peur, la panique, la fuite. C'est comme ça que je procéderai. Sans parler des emotions elle-même mais ce qu'elle provoque, saut d'un battement de coeur, l'impression de voir flou, la gorge qui s'assèche, les sueurs froide, l'impression que le monde s'efface autour de nous et autre.
Après, je peux pas vraiment juger de si c'est bien ou pas, n'ayant guère de comparatif.
En espérant que ça t'aide
Merci pour tes conseils !
Je vais juste revenir sur la raison de la matinée, parce que c'est un détail assez important.
Je ne voulais pas faire de l'horreur terrifiante, mais du mystère apeurant. Et l'idée d'un matin brumeux comme il pouvait y en avoir me semblait alors plus appropriée. :eyes:
Répondre à :hourglass_flowing_sand: ~Nixion~ :crown:
C'est vrai que le mystère terrifiant est tout autre et jouera plus avec la peur de l'inconnu qu'avec les éléments d'horreur plus classique. Peut-être alors jouer sur la confusion (se perdre, ou avoir l'impression de se perdre en cherchant des détail que l'on ne remarque pas au quotidien)