Printemps

Dans un coin du jardin, je m'ouvre chaque matin avec la même dévotion qu'une prière. Je suis une Anémone coronaria et mes pétales sont d'un rouge profond nervuré comme des cœurs battant, mes étamines, des antennes fragiles d'or se dressent comme des bras tendus sans efforts vers une promesse du soleil. Tout autour, la vie s'agite : la brise qui fait danser le feuillage des arbres voisins et les brins d'herbes, créant par conséquent une belle gamme musicale, les oiseaux chassent subtilement pour leurs petits, quelques chiens aboient par-ci par-là et le soleil altruiste et là au loin nous partageant pour la journée de son énergie. Dans la lassitude de mon quotidien solitaire, une Apis mellifera comble le besoin que j'éprouve depuis si longtemps, de la compagnie, un physique. Je ressens le poids de son corps vibrant, ses pattes habiles font le travail qu'elles ont toujours été destinées à faire. Cela n'a duré que quelques minutes et pourtant. Lorsque je ressens de nouveau cette solitude je repense à ce et tout va mieux.