Comme un jogging

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We all get our heart broken sometimes.

Whenever I do, I go jogging.

The body loses water when you jog,

So I don’t cry as easily.

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Une bâtarde de la pire espèce. Contre-nature, peut-être même immonde. Voilà tout ce qu’elle avait été de sa vie. Jamais rien d’autre. À sa déchéance, tous disaient que ce n’était que normal.

« Comment vouliez-vous qu’un être pareil ne commette pas d’atrocités menant à sa déchéance ? »

Il fallait bien dire que tout en elle était repoussant, mais surtout ces tentacules. Des tentacules d’un père absent, des tentacules appartenant en somme au règne animal, bien éloigné de la si « belle » distinction angélique.

Et un jour, pourtant elle fut acceptée.

Une étrange femme aux cheveux sombres, nouvellement fondatrice d’une colocation, bientôt nommée du Trouble, l’avait conviée à la redre. Tout se a bien, en compagnie de cette étrange femme aux cheveux noirs qui semblait exercer comme une fascination sur la colocation tout entière. Oui, tout entière à première vue, allant de l’hybride sorcière qui partageait la chambre du poulpe… attendez. Hybride sorcière ? N’était-ce pas une dhampiresse ? Tout cela montre bien, j’imagine, la fascination sans bornes sur les créatures toutes plus étranges que les autres. Cette fascination s’étendait aux autres créatures de la coloc, allant de la demi-déesse surpuissante à la bagarreuse démone-vampire, celle qui partageait la chambre de l’étrange démone aux cheveux sombres.

Tout cela était bien confus pour la demi-ange déchue. Avoir des gens qui s’inquiétaient pour elle, mais plus que confuse par les personnes autour d’elle, l’ange tentaculaire était confuse à propos d’elle-même. Elle-même, mais surtout ce qu’elle ressentait. Cette envie de la protéger, si grande, si forte, régnait sur l’esprit du poulpe céleste. Elle ignorait ce qu’était ce sentiment ? Était-ce de l’amour ou non ? A ce jour, l’ange marin ne le sait toujours pas.

Une chose est sûr, si c’en était, il n’était pas partagé. Alors elle devait partir. Partir un moment, puis revenir, et elle serait toujours là, pas vrai ?

Alors l’ange des profondeurs s’en est allée, comme si elle s’en allait faire un jogging, avec la même vitesse, la même tranquillité apparente, mais bien plus loin, plus longtemps. Un beau jour, cette élève quitta WrightHood, mais avec l’intention de revenir un jour, et de revoir tout le monde lorsqu’elle irait mieux.

Mais, maudite fierté. Fierté qui l’empêchait et qui l’empêche d’ettre les raisons de son départ, alors elle décida d’épancher ses sentiments en les remplaçant par d’autres émotions : la colère et la haine. Mais contre qui la diriger ? La cible était évidente en la personne de son père absent.

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2 années plus loin. Des centaines de kilomètres plus tard. Voilà que le poulpe arpentait les sombres rues de Macao. Après des mois de traque, elle savait où il se trouvait, et, le pas lourd, était en chemin pour le confronter.

L’homme-pieuvre avait beau se déplacer constamment, il n’en restait pas moins facile à trouver. Un addict aux jeux laisse des traces, encore plus lorsqu’il était muni de tentacules. Les traces en question étaient des créanciers, des gens auprès de qui son père s’était endetté. Souvent peu recommandables, par ailleurs.

Alors, dans ces sombres rues, où le trafic sexuel et les jeux d’argent illégaux étaient légions, bien éloignées des néons des grands casinos, la rejetonne de l’écume et des nuages entra dans un petit bar au détour d’une ruelle.

« Alors t’es sa gamine hein ? »

Une voix, dévorée par les excès, au fond du bar. Jusqu’au bout, elle ne serait pas sa fille. Elle ne serait que la fille d’une femme avec qui il avait couché, rien de plus. L’homme-poulpe japonais était exactement comme sa mère l’avait décrit : un lâche. Ce dernier avait enroulé ses tentacules autour de lui comme une protection, abandonnant la véritable fierté de sa race : ses tentacules, si maniables.

La jeune fille s’assit à sa table, et ils commencèrent à jouer à un vieux jeu de cartes, en silence, comme si aucun des deux n’osait briser cet étrange instant. Après quelques minutes de jeu, calme et sans grande énergie, le vieil homme-poulpe fut le premier à s’exprimer :

« Ils arrivent, pas vrai ? »

Un simple hochement de tête lui fut apporté en guise de réponse, puis la voix brisée poursuivit :

« Et tu fuis quoi au juste ? Tu sais, je suis pas con, je m’étais aussi trouvé une excuse pour ne pas être là quand tu étais sur le point de naître. »

Peut-être était-ce le plus douloureux à ettre pour l’ange-poulpe. Ils étaient pareils. La pomme n’était pas tombée bien loin de l’arbre, et la lâcheté et l’égoïsme était présent chez le géniteur comme chez sa progéniture. C’était même pire pour la progéniture, puisqu’elle n’était qu’une hypocrite à ce propos, qui affirmerait à tous que c’était pour le bien de tous. Alors elle lui raconta. Pendant 5 petites minutes, elle lui raconta tout entre deux cartes jouées, avant de regarder son téléphone, l’heure et de se lever sans un mot.

Un sourire amusé aux lèvres, l’homme-poulpe emmitouflé dans ses propres tentacules regarda la chair de sa chair quitter le bar l’air neutre. Il était temps de rentrer pour elle et pour lui… sa fille croisa sur le seuil du bar quelques hommes en colères, qui s’apprêtaient à rentrer.

La femme-poulpe ne daigna même pas leur accorder un regard. À quoi bon ? Alors, quittant le bar l’air inexpressif, les oreilles de l’ange marin comme bouchées, sourdes aux insultes dans le bar. Et aux bruits de coups aussi.

Alors, dans la lumière vacillante d’un néon, Tako continua à avancer. Avancer, toujours avancer, comme un jogging, pas vrai ?

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