<img src="https://sb.scorecardresearch.com/p?c1=2&amp;c2=22489583&amp;cv=3.6.0&amp;cj=1">

–• Warmth •–

Author's Avatar
7
5
–• Warmth •–-[C]
[C]
[C]
[C]
[C]
[C]
[C]
[IMG=0KI]
[C]
[C]
[C]
[C]
[C]
[C]
[C]
[C]
[C]
[C]
[C]
[C]
[C]
[C]
[C]
[C]
[C]
[C]

            L’âtre de la cheminée dominait la pièce, irradiant de chaleur, attrayant les convives et les invitant à s’approcher du feu trônant derrière sa plaque de verre. Aucun invité ne résista à l’appel, réunis autour de la pièce centrale du salon, une flûte à champagne, un livre, un paquet coloré en mains. L’influence du foyer s’étendait jusque sur le sapin de Noël, teintant ses épines vertes de sa réconfortante couleur orangée, l’illuminant plus encore, illuminant toute la pièce. Une épaisse bûche ajoutée parmi celles brûlant lentement piégea les regards dans les flammes hypnotiques ravivées. Les chaussettes accrochées sur le cadre de bois avaient déjà magnétisé les enfants impatients d’en vider le contenu et de déchirer les papiers à motif dès le matin suivant.

            Au milieu des convives, il se baladait sereinement, les mains dans les poches de son pantalon droit si soigneusement choisi pour l'occasion. Il observait, un fin sourire aux lèvres, les plus jeunes imiter leurs aînés, avec un verre de jus de raisin en guise de vin et une fausse moustache collée sur le dessus des lèvres en prétendant discuter d’affaires importantes. Il les entendait discuter de la hausse affolante du prix des bonbons et de la guerre entre le Royaume des peluches et l'État des soldats de bois, une situation terrifiante somme toute. Il se détourna finalement pour aller faire un tour dans la cuisine, en esquivant consciencieusement la table centrale qui occupait la quasi-totalité de la salle à manger et les invités qui naviguaient entre les pièces de la maison. Il baissa la tête pour er sous les branches de houx nouées en une couronne suspendue en haut du mur. Son arrivée dans la cuisine fut marquée par l'exquise odeur du gibier cuisant lentement au four qui envahit ses narines et fit gronder son estomac impatient. En un coup d'œil, il repéra un ensemble de plats plus alléchant les uns que les autres : des pommes de terre grenaille dorées à point dans un plat en céramique, un soufflé au fromage encore chaud, une salade composée prête à servir apportant un peu de fraîcheur, accompagnée de coquilles saint-jacques, sans oublier les carottes de Vichy qui cuisaient encore sur la gazinière. Et que dire des desserts ! À voir les babas au rhum, il en avait déjà l’eau à la bouche. La cuisine, raisonnablement grande, croulait sous les plats qui promettaient un repas de fête inoubliable. Les plans de travail disparaissaient sous la vaisselle sortie des placards, prête au service, et sous les bouteilles d’alcool pour accompagner chaque plat. Un nuage de vapeur envahissait le plafond, portant avec lui ces odeurs délicieuses. Quelques femmes s’activaient dans la pièce, frottant leurs mains sur leur tablier pour ne pas salir leur élégante robe de soirée, déplaçant les casseroles et poêles en cuivre vers l’évier débordant, s’activant sur les dernières préparations.

“Tiens, pourrais-tu me donner la louche à côté de toi, s’il te plait ?” Questionna l’une d’elle, en rajustant sa robe rouge et ses boucles blondes.

Il ne réagit pas.

“Frank ? La louche s’il te plait ! Réclama-t-elle de nouveau.

-Hm ? De qui ? Moi ? Sursauta le jeune homme.

-Évidemment grand dadais ! À qui veux-tu que je parle ?”

         Un rire mélodieux accompagna sa gentille réprimande et Frank lui donna la grande louche d’une main hésitante. Quelque chose était étrange. Il n’eut pas le temps de s’en soucier, aussitôt chassé de la cuisine pour aller manger.

          La table lui paraissait infiniment longue, s’étendant à sa droite et à sa gauche sur plus d’un mètre. Le feu de la cheminée dans son dos lui donnait chaud, le brûlant presque parfois et le forçant à se coller contre la table pour s’en éloigner. Il était aussi vif que les conversations autour du repas, animées et bruyantes. Si bruyantes qu’il n'entendait plus le disque qui tournait dans un coin de la pièce ni les enfants qui faisaient teinter le large piano près de la porte-fenêtre. Il ne savait plus où donner de la tête, interpellé sans cesse pour faire er les plats et les assiettes ou pour qu’il donne son avis sur une question qui ne l'intéressait qu’à moitié. Il ne s’entendait plus penser et sentait ses muscles s'engourdir à force de porter à bout de bras les cocottes en céramique pour les envoyer à l’autre bout de la table. Mais il aimait ça.

Il était heureux.

          Le feu commençait à s’assoupir, la maisonnée était ensommeillée. Les enfants avaient ret les chambres et les lumières étaient éteintes à l’étage. Le sapin avait été débarrassé des cadeaux qu’il protégeait, le père Noël ayant déposé des dizaines de boîtes emballées depuis quelques heures déjà. Le silence était tombé dans le salon, entrecoupé par quelques bruits de pas et de vaisselle empilée et déplacée. Il était fatigué, épuisé même, mais il lui tenait à cœur d’aider à débarrasser la table avant d’aller dormir. Il s’était libéré de ses chaussures cirées et marchait avec bien plus d’aisance et de discrétion, portant six verres et une bouteille serrée contre lui. Après avoir déchargé ses mains, il porta l’une d’entre devant son visage pour dissimuler un profond bâillement. Prêt à faire un dernier aller-retour avant d’aller se coucher, il fut interpellé par la voix de la femme aux boucles d’or.

“Est-ce que tout va bien Frank ? S’inquiéta-t-elle.

- Hm ? Oh, oui, tout va parfaitement bien, répondit-il.

-En es-tu certain ?

-Oui, oui, bien sûr !

-Alors pourquoi pleures-tu ?”

        Avant qu’il n’ait le temps de contester, il sentit ses doigts froids sur sa joue, lui décrochant un frisson qui lézarda le long de sa colonne vertébrale. Du bout du pouce, elle essuya la goutte d’eau salée qui roulait sur sa pommette et il se rendit compte alors qu’elle avait raison : il pleurait. Pourquoi ? Il ne savait pas. Il su simplement que l’étreinte qu’elle lui donna fit fondre son cœur et alors qu’il cachait son visage dans ses cheveux blonds, il sentit les larmes dévaler son visage. En rouvrant les yeux, il fit une pause, le regard fixé sur la fenêtre embuée derrière la femme. Était-ce bien de la neige ?! Il neigeait à gros flocons dehors, ça alors ! Un immense sourire se fixa sur sa face, le faisant oublier sa peine agère, tandis qu’il se précipita vers la porte-fenêtre pour mieux y voir. Il frotta la vitre du revers de sa chemise blanche et vit que l’herbe dehors, éclairée par les dernières lumières de la maison, avait pris une couleur blanche. Les enfants seraient tellement heureux ! Ils pourraient faire des batailles de boules-de-neige, s’abritant derrière les pins qui entouraient la bâtisse, et pourraient faire un bonhomme de neige. Il avait déjà hâte de trouver un chocolat bien chaud lorsqu’il rentrerait, transit de froid et gants trempés. Et puis, ils pourraient patiner sur la glace de l’étang qui…

Où était l’étang ?

Il n’apercevait qu’une serre au centre du jardin, derrière un parterre de fleurs fanées et d’arbustes gelés.

          Au battement de paupière suivant, la neige s’était effacée. Il n’avait sous les yeux plus que le sol poussiéreux sur lequel il était allongé et l’odeur renfermée du grenier.

Rien n’était réel. Seul le vide rongeant sa poitrine l'était. Lui n’était rien de plus qu’un fantôme qui jamais plus ne s’autorisa à rêver.

Ce texte est une réponse à Challenge réalisé sur un autre Amino. Je tenais malgré tout à vous le partager ! Vous venez de suivre le rêve de Frank, un fantôme qui tombe peu à peu dans l'oubli. Ce rêve représente ce qu'il désire le plus au monde ! (Il ne s'agit pas réellement d'un souvenir).

J'espère que vous avez apprécié la lecture et à bientôt !

Il ne s'agit pas d'un challenge de cet amino, les crédits de cette idée reviennent à Tris !

Likes (7)
Comments (5)

Likes (7)

Like 7

Comments (5)

J’aimerais bien connaître le thème du challenge pour avoir plus de contexte sur l’écriture de ce texte.

On n’est vraiment plongé dans la scène, les descriptions visuelles et olfactives permettent vraiment d’avoir les sens en éveil. Le champs lexical est assez monotone, je ne sais pas si c’est volontaire mais ça permet de se concentrer sur la scène plus que sur le personnage central de l’histoire, d’où la surprise qu’on ressent dans le plot twist final. En tout cas, la lecture était agréable et on se retrouve avec l’envie d’en savoir plus sur l’identité et le é de ce fantôme !

Read more
1 Reply 02/17/24

Répondre à: ☆𝐸𝑑𝑒𝑙𝑤𝑒𝑖𝑠𝑠 ☆

Merci pour les explications, je visualise un peu mieux les intentions du texte du coup !

Ce que j’entendais par monotone c’est qu’il n’y a pas un mot plus haut que l’autre, pas de mots qui puissent trahir les émotions et intentions du personnage. Ça rend le texte super fluide et ça permet vraiment d’être dans la scène plutôt que dans le personnage. Je sais pas si je m’exprime clairement mais dans certains textes on voit la scène comme le personnage la voit alors qu’ici on voit la scène telle qu’elle est.

Read more
1 Reply 02/17/24

Répondre à •• 𝒅𝒂𝒂𝒏𝒊𝒌 • :snowflake:

Je comprends ce que tu entends par là ! Hmm...Je suppose que le choix était en partie inconscient et en partie voulu. J'aurais aimé penser aussi loin que ça ! :joy: Mais en tout cas, c'est l'idée : décrire ce que le personnage voit plutôt que ce qu'il ressent, faire quelque chose de presque objectif, comme un spectateur extérieur qui se serait immiscé dans ce songe. Après, dans ce rêve, il a tout ce qu'il désire, il ne peut être qu'heureux ! Et c'est que qui rend son réveil d'autant plus brutal et le vide qu'il ressent après d'autant plus important.

Read more
1 Reply 02/17/24
    Community background image
    community logo

    Into •Rp Littéraire•? the community.

    Get Amino

    Into •Rp Littéraire•? the community.

    Get App