Un souffle effleurant l’âme, un murmure effleurant ces larmes.
L’odeur subtile du bois mêlée à l’humidité d’une pluie récemment tombée.
Là, solitaire, elle s’installe au faîte d’une falaise,
Dominant l’océan vaste, contemplant un soleil couchant voilé d’éclipse.
Le crépuscule effleure sa peau parsemée de taches,
Ses yeux verts lourds de cernes trahissent une fatigue indélébile.
Je la surprends parfois, jamais au même refuge,
Parfois défiant l’abîme, immobile sur un rail de fer la nuit,
Espérant peut-être l’ultime frisson, s’écartant pourtant au dernier souffle, au dernier moment avant qu'un train ne vienne la frôlée.
Elle défie la mort, inconscientes.
Le temps, une danse incandescente.
D’autres fois, perchée comme un corbeau, sur un toit, elle scrute le monde en contrebas,
Figure de présage funeste, énigme insaisissable, source de fascination.
Aujourd’hui, je la vois comme en ces instants,
Assise sur un banc, ou déambulant sur une plage déserte,
Fumant en silence, ses prunelles vides noyées dans l’horizon.
Elle caresse un soupir de fumée, qui s’élève en volutes épaisses,
Un voile fragile entre le tangible et le rêve.
Les lambeaux d’un ciel suspendu,
Comme si elle cherchait, au-delà du crépuscule,
Une lumière fuyante, un écho lointain d’evernescant.
Le vent s’attarde dans ses mèches azur,
Retenues par ce bonnet noir, usé.
Son regard, empreint d’une mélancolie sourde, profonde,
Invite à se perdre dans des abysses insondables.
Je ne connais ni son nom ni son é,
Pourtant un lien invisible me retient auprès d’elle,
Comme un souvenir ancien que le temps n’a su effacer,
Une toile dont chaque trait semble familier,
Une photographie gravée dans l’éternité de l’instant.
Elle demeure là, immobile, figée dans l’éternité,
Âme errante, vagabonde esseulée,
Attendant peut-être un souffle, un signe, un miracle.
Les marques d’encre sur son épiderme révèlent sans mots,
Des cicatrices intangibles, caché, à chaque mouvement dévoilées,
Fardeau lourd, inscrit dans la chair, témoignage silencieux d’un é douloureux.
Le silence se prolonge, brisé uniquement par le souffle du vent,
Et celui qu’elle expire, chargé de fumée âcre et toxique, qu'elle inhale au quotidien.
Instrument d’évasion, d’un voyage intérieur vers l’oubli,
Loin des douleurs sourdes de ce monde imparfait, qui l'a tellement fait souffrir.
Je voudrais briser sa solitude,
L’effleurer, la consoler, dissiper son isolement,
Mais elle reste inaccessible.
Fantôme intangible que l’on effleure du regard sans jamais toucher.
Alors je demeure, observatrice silencieuse,
Captif d’une silhouette, immobile,
Gravée à jamais dans les marges floues de ma mémoire.

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