Nano-seconde

"C'est comme un petit papillon. Il virevolte à droite à gauche au rythme du vent, il se pose et tu ne le vois pas arrivé"

Tu vois ce renard, concentré sur ce papillon a tel point que cela en devient obsessive ? Et bien c'est comme la folie, la démence. Minuscule, et pourtant on la sent sans la sentir, sans savoir pourquoi, comment et d'où elle est venue sur nous. Et des qu'elle se pose sur toi, impossible de ne pas la regarder au moins une micro seconde, de ne pas la sentir une nano-seconde. Et des qu'elle sent va, tu l'a sent encore un petit peu, sans savoir si elle est partie, si elle est encore là, ou si le papillon est encore vivant. Une nano-seconde de sensation qui détermine une obsession maladive. C'est comme une minute que tu es à fixer le soleil sans vouloir t'arrêter, toujours en étant conscient que tu te brûle littéralement les yeux. En vérité c'est cet instant précis qui importe, celui où tu te rends compte de ton obsession, tu sais que cela ne sert à rien, et pourtant tu es déjà pris au piège d'une curiosité morbide. Pourquoi vouloir à tout pris toucher du fer chauffer à blanc, pour vérifier ce que ça va fait, alors qu'on le sais très bien. Comme un papillon qui vole, à quoi bon le regarder alors qu'on sais qu'il va mourir, et à quoi bon espérer le revoir ? Exactement comme la folie.

-Papa, tu dis l'inverse de ce que tu as dis avant.

Non tu te méprends mon fils, ce qui importe c'est la marque que te laisse l'événement, comme la brûlure du fer chauffer à blanc, pour la sensation du papillon c'est pareil. C'est la preuve que l'événement est réel et qu'il à vraiment été réalisé.

-Mais comment on peut avoir une preuve sans trace ? Si je te touche, personne peut le prouver à part nous deux, non ?

Ta mère ne t'a pas fait don d'intelligence. On ne t'a pas dit qu'une vérité n'était pas forcément universel. Ce qui compte ce n'est pas la preuve, ce qui compte c'est qu'elle soit vrai pour au moins une personne, voir plus. Comme les mensonges. Tu ne t'es pas dit que c'était étrange de retrouver un papillon en plein début de l'hiver alors qu'il fait 11°C ?

-Non.

Et bien voilà, laisse le te dire les vérités, laisse tes yeux clos.

-Qui ça "le" ?

Le vent, tu ne l'entends pas ?

-Non.

Ton esprit est clos, mais t'es yeux ouvert.

-Mais papa mes yeux me permettre de voir.

Espèce d'imbécile. T'es yeux permette de voir mais ne te permette pas de distinguer le vrai du faux. Est ce qu'il est juste d'aller te brûler la main ? T'es yeux te diront que oui, mais ton esprit te dira que tu dois sauvé ta mère des flammes. Est ce qu'il est juste de rester fixé une nano-seconde sur un papillon au bord de la mort ? T'es yeux te diront que non mais ton esprit te montrera à quel point il est beau et bon d'espérer.

-Au final le papillon sera en vie ?

Non, il sera mort. Mais sera toujours en vie dans ton esprit.

-Alors pourquoi ?

Comme la trace de brûlure, tu ne ressentiras aucune douleur mais elle sera là. Comme la folie, disparu mais les séquelles présentes.

Un long silence...

-Est ce que tu es fou, papa ?

Je l'ai été une nano-seconde. Voilà le résultat, des séquelles, et toi qui l'aura en guise d'héritage.

-La nano-seconde ?

Non

-Ta folie ?

Non

-Alors quoi ?

Ce papillon.

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