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Au rythme du violon ( Chapitre un )

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Lundi 15 juillet 2024

Maxence

Un mal de tête fulgurant me transperce, aussi brutal qu’un éclair déchirant le ciel lors d’un orage, m’arrachant à un sommeil profond, noyé dans un vide sans rêves. Mes paupières lourdes s’entrouvrent à peine, collées par la fatigue, refusant d’affronter la lumière crue qui inonde la pièce. Quelques minutes plus tard, l’alarme stridente de mon téléphone retentit, inévitable, me forçant à émerger complètement. Il faut que je me prépare: une nouvelle journée de travail m’attend.

La chaleur du matin me semble étouffante, et l’odeur âcre de l’alcool me brûle les narines et me noue l’estomac, me rappelant tout ce que j’ai voulu oublier hier soir. Les canettes vides jonchent la table basse, comme des témoins silencieux de ma soirée d’autodestruction.

Je me relève trop brusquement et tout tourne autour de moi, comme si le sol se dérobait sous mes pieds. La canette bascule, se répandant en silence sur le parquet. Je n’ai même pas la force de m’énerver, juste un soupir de frustration, puis j’avance, à moitié aveuglé par la lumière et la douleur dans mes tempes.

Ma chaussette aspergée de bière, je laisse des traces de pas derrière moi, jusqu’à ma chambre. Je prends des vêtements avant d’aller m’enfermer dans la salle de bain, sous le jet chaud de la douche.

Je sors de la douche et mets les vêtements légers le temps que je fasse le ménage de mon appartement. Je me changerai plus tard, avant de partir travailler.

En revenant dans le salon, je me rends compte de mon état qui était pitoyable hier soir… Ce n’est pas la première fois que ça arrive… Et ce ne sera sûrement pas la dernière fois. C’est plus fort que moi…

L’alcool et le sexe… mes deux refuges, mes échappatoires. Là où je me perds, où je peux échapper, ne serait-ce qu’un instant, à la noyade de mes pensées qui m’éttoufe. Mes deux seuls moyens de ne pas me noyer dans les cauchemars qui refont surface quand je suis seul et sobre. Humilié et rejeté, je suis le petit mouton noir de ma famille… Et encore plus depuis qu'il est parti.

- Aie! dis-je avec le goût du sang qui remplit ma bouche.

Je soupire longuement. Je dois vraiment arrêter cette manie de mordre l’intérieur de mes joues.

Je prends les sept canettes de bière vides et les mets dans le bac de recyclage qui est sous l'évier de la cuisine, encore un cycle que je boucle sans vraiment y penser, comme un automate qui répète sans fin le même geste.

Contre le mur où se trouve ma chambre, il y a une armoire où je range balai, aspirateur et le surplus de drap. Je prends l’aspirateur étant donné qu’il me reste un peu moins de deux heures avant de devoir me rendre au bar, pour y travailler.

C’est par l’entrée de mon appartement que je commence. En face de celle-ci se trouve le salon avec les deux grandes fenètres qui donnent une vue incroyable sur la ville et les autres immeubles. Je contourne le divan. Contre le mur où la télévision et quelques étagères sont posées, deux lampes à pieds éclairent le salon lorsque le soleil se couche.

Avant d’atteindre la cuisine à droite de l’entrée, une table ronde et quatre chaises y sont instalées. Le comptoir et les électroménagers sont situés le long du mur.

À l’opposé de la cuisine, la petite salle de bain. Et la pièce qui lui tient compagnie, ma chambre. Un grand lit au milieu, ainsi que deux petites tables de chevets, prennent la totalité de la pièce.

Après un quarante-cinq minutes à avoir aspiré de fond en comble, je la range. Avec le temps qu’il me reste, je lave la vaisselle d’hier soir.

C’est vers quinze heures, que je sors de chez moi, pour aller manger quelque chose avant d’aller travailler. Je n’ai rien à manger dans mes placards.

J’arrive au bar avec quelques minutes d’avance. C’est le temps qu’il me faut pour déposer mes clés dans la salle d’employé qui est derrière le comptoir. La musique, bien trop forte au goût de mon mal de tête revient en force. Je res Arthur, mon meilleur ami et le patron du bar, derrière le comptoir.

Cheveux châtains mi-long, peau légèrement bronzée et petite barbe de quelques jours. Cet homme de trente ans, je le connais depuis treize longues années. On s’est rencontrés en pleine retenue, un soir d’hiver où la neige recouvrait lentement les rues. Il avait dix-sept ans et j’en avais quinze. Nous étions les deux seuls élèves en retenus en plus du surveillant. Il avait bien vu que je n’avais personne pour me ramener cette soirée-là, il a pu me reconduire chez moi. Depuis ce moment, on ne s’est pas lâché. Enfin, je ne l’ai pas lâché, jusqu’à ce qu’il finisse par s’attacher à moi. Un peu comme un grand frère. À moins de le comparer au mien, celui qui me sert de frère est loin d’être respectable… Ça fait un moment que je ne le considère plus comme mon frère.

- T’as encore trop bu hier soir, me lance Arthur sans me regarder.

- Salut Arthur, je vais bien et toi? dis-je en me lavant les mains.

- Combien de bières t’as bu?

Je serre les dents quand Arthur se tourne vers moi et inspecte mon visage de ses yeux plissés.

- Tu devrais vraiment arrêter de boire autant… T’as les yeux rouges.

- Je suis capable de travailler.

… enfin, je crois. J'ai l'habitude de cacher les dégâts que l'alcool laisse derrière moi. Mais aujourd'hui, c'est plus difficile.

Je le vois lever les yeux au ciel avant de me tourner vers le client qui s’avance vers le comptoir.

Arthur, qui dirige un bar et vend toutes sortes d’alcool, n’a jamais touché à une goutte. Et moi… je suis là, perdu dans un verre, fuyant la réalité à chaque gorgée. Alors lorsqu’il me voit boire ou encore avec une gueule de bois, il me regarde toujours d’un air désapprobateur. Il n'aime pas l'alcool, il trouve son goût trop amer et préfère les soirées tranquilles en famille. C’est pour ça que parfois, il me juge. Arthur a sa petite fille, sa blonde, son foyer. Et moi… j’ai pour seule compagnie des canettes.

- Romy à un récital de danse et elle veut absolument que tu viennes, me dit mon ami, une fois le client parti.

Romy, la fille d’Arthur, a quatre ans. Au début, je me tenais à distance, réticent. Mais chaque rire, chaque questions innocentes qu’elle me posait, me font un peu plus fondre. Elle devient comme un rayon de lumière dans un quotidien sombre, même si je ne sais pas comment gérer tout ça.

- Ouais, je viendrais. C’est quand?

- C’est dimanche, le vingt-huit juillet, à dix heures. On pensait aller dîner après. Ne vient pas avec une gueule de bois.

C’est à mon tour de rouler les yeux. Je refuse aussi que ma nièce me voit avec le moindre alcool dans le corps.

Mais, ce n’est qu’un cycle et j’en suis conscient. Un autre soir, une autre canette, encore une fuite. Et demain… Demain, je ferai semblant d’aller mieux, comme si tout allait changer.

Au rythme du violon ( Chapitre un )-Lundi 15 juillet 2024
[B]Maxence

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